|
|
|
.O.
17/04/2024
Quelle agréable surprise ! L'affiche, la bande-annonce et le titre laissaient penser à un film d'action sur vitaminé et ce n'est qu'après avoir lu sur le forum "Box office" que le film était produit par un studio indépendant (A24, les producteurs de "Everithing Everywhere, All I Want...") malgré son budget de 50 millions de dollars, que je me suis dit que ça valait peut être le coup d'ajouter une séance à mon rattrapage ciné de fin de vacances.
Le résultat est une bonne pioche qui redonne un peu de couleurs aux sorties cinématographiques de ce mois d'avril bien tristounet. J'hésite à vous parler du sujet principal du film pour vous laisser le plaisir de le découvrir mais sachez avant toute chose que vous ne verrez pas un "Braveheart" à l'américaine avec pilonnage en règle du Sud contre le Nord et inversement.
Maintenant, si vous voulez savoir pourquoi le film m'a plu, vous pouvez continuer mais je serais obligé de divulgacher quelques éléments (compréhensibles 5 minutes après le début de la séance mais je préfère prévenir quand même).
En suivant un groupe de journalistes de guerre et en se désintéressant quasiment complètement du contexte, Alex Garland et ses scénaristes jouent à la fois la carte de l'identification (il ne faudrait pas que le spectateur américain se désintéresse du film car il parlerait d'un autre pays que le leur) et de l'universalité (on pense à la couverture de nombreux conflits et la fin fait penser à la traque de Ben Laden après les attentats du 11 septembre). Ce choix permet de mieux se concentrer sur notre quatuor et encore plus sur le personnage principal interprété par Kirsten Dunst.
Pourquoi devient-on photoreporter de guerre ? Comment peut-on faire un métier qui amène a se retrouver au milieu de "l'impossible" avec l'obligation de ne pas prendre parti. Peut-on tenir sur le long terme la stratégie du "je témoigne de ce qui se fait ici pour ne pas que ça se refasse ailleurs" ? Est-ce que la ligne "je documente pour que les choses soient jugées objectivement a posteriori" permet de s'endormir le soir sans faire des cauchemars récurrents ?
Est-ce que les clichés du style "c'est dans ces moments-là que je me sens vivant" ont du sens ? Faut-il voir le pire pour se sentir exister ? Je ne vais pas faire de psychanalyse de comptoir en tentant de réponde à ces questions mais je remercie le film d'avoir mis en avant ce métier qui me paraît nécessaire mais impossible à tenir. On me répondra que dans le film "Madame Hofmann", vu le lendemain, il est dit "qu'une infirmière tient en moyenne 7 ans dans un service de soins palliatifs"... je serais curieux de connaître la "durée de vie" des photoreporters de guerre.
J'aurais apprécié que les états d'âme du personnage principal soient montrés de manière plus subtile, j'aurais aimé que la fin du film soit moins démonstrative et prévisible, j'aurai aimé avoir un peu plus la position des militaires qui se retrouve en attaquant (ou défendant), devoir s'occuper aussi de ces journalistes qui sont dans leurs pattes... bref, j'aurais aimé beaucoup plus mais si je mets de coté mon éternelle insatisfaction cinématographique, j'ai aimé être surpris par ce film qui n'est pas le blockbuster qu'il se prétendait être, j'ai aimé réfléchir sur ce métier et sur la façon de l'exercer, j'ai aimé ces scènes qui se suivent sans forcément de lien et sans forcément caresser l'Amérique et ses habitants dans le sens du poil.
Bref, "Civil war" est une bonne surprise qui bénéficiera de son casting et de ses moyens pour avoir une audience qu'il n'aurait pas eu sinon mais je ne peux m'empêcher de penser qu'avec toutes les bonnes choses aperçues à 'écran, on est passé pas loin d'un grand film de guerre alors qu'au final on restera dans un registre plus mineur. Rien de honteux et une note garantie au-dessus de la moyenne mais la première partie annonçait tellement de promesses que je ne peux cacher une certaine forme de déception au final. Je sais, c'est paradoxal pour un film @@+ mais c'est le cas, tout comme il est vrai que je le recommanderai sans problème malgré toutes ses faiblesses ;-)
.O. |